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Educ'Habitat : agir sur l'environnement de l'enfant mal logé

Depuis 2014, l'association "Soliha Métropole Nord" finance une action à destination des enfants mal logés. Objectif : avoir un espace à soi, une chambre où ils se sentent bien.

"Maman, elle est trop belle ma chambre !! Je suis trop contente, tu vas voir, je vais faire d'énormes progrès !"

C'est en ces termes que Sarah, 9 ans aujourd'hui, s'est exprimée il y a 2 ans, lorsqu'elle a bénéficié de l'action "Educ'Habitat". Des murs fushia et couleur lin, un bureau à elle et une disposition qu'elle a choisie... Immédiatement, la petite fille de 7 ans s'est sentie enfin bien dans sa chambre. À la veille des grandes vacances, sa maman qui vient de recevoir son bulletin scolaire, ne peut que constater que les progrès ont bel et bien été au rendez-vous et se maintiennent depuis.
 

"Elle avait de gros problèmes de concentration et ne voulait pas travailler dans sa chambre qu'elle n'aimait pas. Du coup, elle travaillait toujours dans la cuisine. Depuis, elle a beaucoup progressé et elle passe en CM2 avec un "bravo" de sa maîtresse... Elle a retrouvé le goût de travailler et d'aller dans sa chambre du jour au lendemain. Sans l'aide d'Educ'Habitat, je n'aurais pas pu faire les travaux."

Bénéficiaire du RSA, Mme M. vit à 10 km de Lille et ne pouvait prendre en charge les frais de peinture et de mobilier. "L'aide de l'association a eu un effet formidable sur ma fille. Vraiment, je ne pensais pas qu'une chambre pouvait avoir autant d'importance sur les résultats scolaires."

Grâce au financement de la Fondation Abbé Pierre, aux côtés de la CAF et de Lille Métropole, "Soliha Métropole Nord" a pu intervenir auprès de plus de 100 familles en près de deux ans, toutes en difficulté et bénéficiaires des prestations sociales.

"Nous avons eu l'occasion d'accompagner des parents et leurs enfants, de 5 à 18 ans. La majorité des jeunes qui ont bénéficié de notre action ont entre 8 et 12 ans. Les familles ont été repérées par une vingtaine d'associations locales avec lesquelles nous travaillons.

Ce qui ressort de notre intervention au domicile, c'est l'amélioration évidente des conditions de vie de l'enfant. Avoir un espace à soi, sur lequel l'enfant est intervenu et a pu faire ses choix... c'est pour lui une reconnaissance alors que bien souvent la chambre de l'enfant est l'endroit qui est investi en tout dernier."

 

Le matelas par terre, ça n'est pas une légende

"L'enfant peut enfin investir le lieu et s'y épanouir, il reçoit le changement qui lui est proposé comme un cadeau et la cerise sur le gâteau, c'est le bureau que nous lui offrons. Certains, jusqu'à 18 ans, n'en n'ont jamais eu et ont toujours travaillé au milieu des autres, sans pouvoir s'isoler. C'est un petit maillon dans la chaîne de la lutte contre le mal-logement, mais je pense qu'il est important."

Dans cette action, au-delà de la prévention de l'échec scolaire, le lien de parentalité évolue positivement lui aussi. Les parents sont acteurs et se sentent responsables de la réussite éducative de leurs enfants. Ils prennent consience de leur rôle et ne s'en remettent pas uniquement à l'école," confirme Souad Otmane, responsable du projet "Educ'Habitat" à la Soliha.