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À Grenoble, une association atténue la souffrance des exilés

Soutenu par la Fondation, « Le caméléon » apporte un soutien en santé mentale aux migrants en souffrance psychique depuis 2012.

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« L’association s’est créée suite à un constat : les personnes issues de l’immigration précaire souffrent de nombreux traumatismes, notamment psychiques et l’offre en santé mentale de droit commun reste insuffisante, non adaptée et ayant des difficultés à se rendre accessible », précise Olivier Daviet, l’un de ses membres actifs.

Aujourd’hui en plein développement, l’association est composée de 7 psychologues et psychomotriciennes qui interviennent auprès des exilés et des acteurs qui sont à leur contact (bénévoles, et/ou professionnels tels que les travailleurs sociaux). En provenance du Bénin, de Syrie, du Maroc, de Roumanie ou encore de Serbie…. au total plus de 300 consultations ont été réalisées en 2017 sur le territoire grenoblois pour plus de 40 personnes reçues ; soit une moyenne de 7 consultations par personne.
 

Le parcours de vie

« La souffrance psychique a plusieurs origines : les persécutions subies au pays, l’absence de logement, la dépendance au processus de demande d’asile, la survie… notre accompagnement peut constituer un des ancrages pour la personne que nous rencontrons, même si sa capacité à s'inscrire dans un suivi est très liée aux aléas du parcours administratif. Nous respectons bien sûr ce cheminement et ne faisons par ailleurs remplir aucune fiche aux personnes qui viennent nous voir ». Cette volonté traduisant à la fois un souci de discrétion mais aussi la volonté de l’association de marquer sa différence avec les centres d’accueil ou permanence médicale à forte connotation administrative.

« Ce qui est privilégié avant tout, c’est le récit, le parcours de vie. Le premier droit, c’est la reconnaissance de la parole. Nous travaillons avec des interprètes professionnels et même si cela représente un coût, c’est pour nous fondamental. Le travail psychique se fait à partir des mots et n’est vraiment utile que si la personne se livre sans être bloquée par sa situation. »

Autre spécificité de l’association, le travail sur le corps. La souffrance physique est elle aussi prise en compte et fait l’objet d’ateliers psychocorporels grâce à l’intervention de psychomotriciennes.

Outre sa collaboration étroite avec les bénévoles et les travailleurs sociaux qui interviennent auprès du public migrant, « Le caméléon » développe également des liens avec les initiatives citoyennes locales qui favorisent le logement et l’hébergement des exilés : « Nous aimerions nous mettre davantage au service des citoyens qui accueillent et hébergent. Beaucoup le font dans la durée à Grenoble et il y a de nombreuses démarches solidaires de proximité. À côté de l'enrichissement individuel et collectif que peut apporter l'accueil et l'accompagnement de personnes exilées, il n'en demeure pas moins qu'un tel accueil, en particulier dans les conditions actuelles, peut s'avérer complexe, charrier des malentendus, demander des ajustements... c'est à cet endroit que nous pouvons partager notre expérience, médiatiser, sensibiliser les acteurs en première ligne. »

Grâce au soutien financier de la Fondation, des journées de sensibilisation des citoyens vont pouvoir être organisées et les équipes de maraudeurs seront renforcées. Enfin, la recherche d’un local pour mettre en valeur les liens entre citoyens et exilés est à l’étude.