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"Nous vivions dans un placard

Ils ont vécu plusieurs années à cinq dans 15 m2 avant d'être relogés grâce à l'aide de l'Espace Solidarité Habitat. Rencontre avec Philippe*, 40 ans, le père de famille.

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Pendant 6 ans, une jeune famille parisienne a vécu dans 15 m2 pour 550 euros par mois. Un placard pour le couple et ses 3 enfants, âgés de 6 ans, 4 ans et 8 mois. 

"On n'était pas tout seul, il y avait des souris, des cafards et des punaises. La nuit, je ne dormais pas vraiment, surtout l'été, quand il faisait chaud : j'enlevais les cafards qui couraient sur le visage de mes enfants endormis. Ce qui nous a sauvés, ma femme et moi, c'est notre amour. Nous étions assez solides pour supporter ça. Pour vivre avec nos enfants dans un logement si petit et insalubre."

À 21 ans, Philippe* et sa fiancée quittent leur famille respective qui s'oppose à leur union. Le jeune homme trouve des petits boulots, distribue des journaux gratuits, ce qui paye tout juste les nuitées d'hôtel. Avec les naissances, la précarité du jeune couple s'accentue et il est obligé de faire appel au 115. Puis, il rencontre une dame qui leur propose de leur louer un logement. Pas besoin de passer par une agence immobilière, l'accord et le paiement se font de la main à la main.

"Avoir un toit pour nous 5, c'était inespéré. On n'avait plus besoin de chercher des hôtels et c'est vrai qu'on n'en pouvait plus. Elle a profité de notre situation, on n'avait pas d'autre solution de toute manière.

J'ai tout fait à l'intérieur du logement : peinture, sol... et puis les problèmes ont commencé. Il fallait que je rembourse les matériaux pour les travaux, en plus du loyer. Nous n'avions pas les moyens de le faire. Elle a voulu nous expulser, j'ai cherché de l'aide."

Une dette de 15 000 euros de travaux, alors que le jeune couple a toujours réglé le loyer... Devant cette injustice, le père de famille, dont la demande de logement est reconnue prioritaire Dalo depuis 2012,  frappe à toutes les portes, écrit tous les courriers possibles et prend contact avec l'Espace Solidarité Habitat de la Fondation Abbé Pierre en 2013, lorsqu'il reçoit un commandement de quitter les lieux.

"Gâce à l'Espace Solidarité Habitat, aux gens compétents qui nous ont aidés, nous avons pu suspendre l'expulsion, mais il a fallu remonter jusqu'à la préfecture et même jusqu'au Haut comité pour le logement des défavorisés ! Au moment où nous nous y attendions le moins, il y a eu enfin une proposition de logement social !"

"Aujourd'hui, on ne peut plus nous enlever notre bonheur"

"L'entrée dans notre appartement, c'est inoubliable... Nous avons maintenant 3 chambres et un salon-salle à manger, le rêve ! On s'est installé il y a un peu plus de deux mois, on n'y croyait plus. Nous avions frappé à tellement de portes, rempli tant de papiers !" Philippe en parle avec émotion, tout en continuant son travail d'entretien dans le hall d'un des immeubles dont il doit s'occuper. Eteignant l'aspirateur, il sourit et reprend. 

"Les enfants couraient partout et ils n'arrêtaient pas de demander : "Maman, tu es où ?" Avant, cette question, ils ne la posaient jamais, nous étions tout le temps les uns sur les autres... Aujourd'hui, pour 800 euros, charges comprises, nous avons un appartement spacieux, clair, avec tout le confort. Là, vraiment, ça vaut le coup de travailler pour payer son loyer car on est bien logé !"

Il y a deux ans, Philippe a obtenu un contrat à durée indéterminée dans la société de nettoyage où il travaillait régulièrement. Aujourd'hui, la famille espère enfin pouvoir vivre comme tout le monde, en payant un loyer pour un logement décent.

Le début d'une nouvelle histoire, après tant de jours passés à se battre pour défendre leur droit. Le droit au logement.

* Pour des raisons de discrétion, le prénom a été modifié.

 

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