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Accès à l’eau : l’urgence absolue

Boire et se laver les mains : des gestes de survie dont trop de personnes sont encore privées.

 Grâce à la pression de la Fondation Abbé Pierre et de nombreuses associations, la situation commence à évoluer après 5 semaines de confinement. Mais ces quelques évolutions positives ne doivent pas faire oublier que des centaines de personnes en grande précarité restent privées d’eau potable un peu partout en France et vivent dans des conditions indignes, particulièrement dangereuses avec la pandémie.

Rappelons ici que l’accès à l’eau a été reconnu comme droit fondamental par l’ONU en juillet 2010.

Si Marseille a ré-ouvert, mercredi 8 avril, deux gymnases pour permettre l’accès aux douches et toilettes pour les personnes sans domicile, l’accès à l’eau est resté très limité et insuffisant pour les personnes très mal logées, notamment pour les familles vivant en bidonvilles, jusqu’au mardi 14 avril.

En effet, la Métropole a finalement agi pour assurer les conditions d'hygiène minimum en direction des populations les plus précaires en installant des points d'eau à proximité de six sites et bâtiments identifiés comme prioritaires.

Dix-sept bornes-fontaine provisoires ont également été implantées ou sont en cours d'installation dans des lieux de passage très fréquentés (dont la gare Saint-Charles et la porte d’Aix) de manière à assurer un maillage plus étendu du territoire. Ces aménagements s'ajoutent aux onze toilettes publiques (sanisettes) disponibles et accessibles 24 h/24.
 

« Pour aller chercher de l'eau aux bornes des pompiers, ils doivent faire des centaines de mètres et avec le confinement, ils n'osent plus, de peur de sanction »

Par ailleurs, cinq squats ont été équipés, sélectionnés à l'issue d'un travail d'enquête et d'évaluation réalisé en collaboration avec la préfecture et les associations d'aide aux plus fragiles. Quant aux autres squats identifiés - une vingtaine environ - ils disposent d'une connexion réalisée par leurs occupants ; l'ensemble représentant un millier de personnes.

À Lyon, malgré la réouverture des fontaines publiques dans la capitale régionale et à Villeurbanne, des difficultés d’accès à l’eau persistent pour les personnes vivant en squats et en bidonvilles.

"On demande aux gens de se laver les mains 30 fois par jour et eux, ils n'ont pas d'eau"

Crédits: Sebastien Godefroy

En Ile-de-France, hormis le Val d’Oise où tous les campements devraient avoir accès à l’eau avant la fin de la semaine, la situation est toujours très compliquée dans le Val-de-Marne (500 personnes), dans les Hauts-de-Seine (60 familles), en Essonne (au moins 200 personnes), dans les Yvelines (78 personnes) et en Seine-et-Marne (un seul point d’eau pour 120 personnes à Champs-sur-Marne).

Dans le Nord-Pas de Calais, l’accès à l’eau reste une préoccupation essentielle dans plusieurs campements. Des cuves pour alimenter les terrains sont en cours d’installation là où les raccordements au réseau ne peuvent être effectués. Un terrain reste sans solution pour l’instant, près de Lille.

À Mayotte, après plus de deux semaines de confinement, malgré des annonces, malheureusement non suivies d’effets à ce jour, la solution pour l’accès à l’eau n’est toujours pas en place. De nombreuses bornes-fontaine sont en pannes et ne sont pas réparées. Même si des projets de rampes d’eau et de distributions gratuites encadrées aux bornes sont imaginés, rien ne se passe pour l’instant sur le terrain…