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Une École, un Toit des Droits

Mal logées, 13 familles avec enfants vivent aujourd’hui dans des logements anciennement vacants et rénovés, à Villeurbanne.

Expérimenté avec succès en 2016, « Une École, un Toit des Droits » cible désormais plus de familles en situation de mal-logement dans des squat, des bidonvilles ou en habitat précaire…) qui ont une perspective d’insertion professionnelle à court et moyen termes. 

À ce jour, 13 ménages sont logés dans les 20 logements vacants du parc communal dédiés au projet. Inscrit dans la logique du Logement d’abord, ce dispositif local soutenu par l’État, vise à réduire le sans-abrisme à Villeurbanne.

Caterina, 36 ans, est installée depuis deux ans avec son mari et ses 2 enfants âgés de 16 et 7 ans : "Nous sommes vraiment très heureux, nous avons maintenant une vie normale et nos enfants réussisent bien à l'école, c'est important pour nous !"

Caterina et son mari sont Roumains et ne parlent pas encore très bien le français. Mais grâce à leurs enfants, ils progressent peu à peu. Le père de famille, mécanicien, est en recherche d'emploi et sa femme travaille dans une entreprise de nettoyage.

"Je touche un petit salaire, mais nous nous en sortons avec les factures, même si c'est un peu juste. Nous allons un peu aux Restos du coeur... Nous n'avions jamais eu un logement normal avant d'arriver ici. Nous avons vécu en caravane et chez ma mère en Espagne, avant de venir à Villeurbanne où nous avons de la famille du côté de mon mari."

Au début du plan hivernal 2019, on dénombrait sur l’agglomération lyonnaise quelque 148 enfants qui dormaient dehors avec leurs parents. « Même si ce programme ne s’applique pas à toutes les familles car il s’adresse à un public susceptible de travailler, avec un droit de séjour, il participe depuis 3 ans à la réduction du nombre d’enfants à la rue. Les familles qui sont logées dans le dispositif ont au moins un enfant dans une école élémentaire », précise Camille Lloret-Linares, directrice du CCAS de Villeurbanne. 

Mandatées par la Ville, 3 associations locales, dont l’Alpil, repèrent et accompagnent les familles jusqu’à leur insertion et leur accès au logement de droit commun. Pendant 3 ans, les familles s'engagent à scolariser leurs enfants et à participer activement à leur insertion professionnelle.

« Il y a un partenariat très fort entre les associations et le CCAS qui permet la réussite de l’expérience. Depuis le début, nous avons vu passer dans les logements une quinzaine des familles et les 4 premières qui ont bénéficié du dispositif sont toutes insérées. On s’est aperçu qu’en moyenne, au bout d’un an ½, les familles étaient éligibles à un logement de droit commun », précise Claire Le Franc, adjointe au Maire qui poursuit :

« Dans ce dispositif, on n’est pas dans de l’hébergement d’urgence ni dans du logement pérenne ; on est entre les deux. On laisse les personnes se poser et on met tout en place pour qu’il y ait une vraie inclusion de toute la famille, adultes comme enfants. « Une école, un Toit des Droits », c’est un passage de reconstruction et d’acquisition ».

« Changer le cadre et non pas les individus »

Autre atout de ce dispositif soutenu par la métropole lyonnaise et l’État, le parti-pris de la démarche qui consiste à accéder au logement sans ressource. « C’est l’originalité du dispositif car en général, il faut avoir des ressources pour avoir un logement. Ici, à l’entrée dans le logement, nous versons un pécule pour les dépenses alimentaires et vestimentaires. Par la suite, une fois que la famille a des ressources, elle participe au loyer et aux charges en fonction de ses possibilités », précise Claire Le Franc.

En 2020, l’objectif du dispositif est d’installer quinze familles au cours de l’année avec à la clé, la production de deux études sur cette expérience inédite. Une première étude qualitative sur les parcours des familles passées par « Une École, un Toit des Droits » et une seconde sur la reproductivité du dispositif ; deux études prévues sur plusieurs années et financées par la Fondation qui soutient l’initiative.

Quant à l’aspect financier, les premiers chiffres de cette démarche inclusive parlent d’eux-mêmes : le logement et le pécule versé pendant un an aux 4 familles logées dans le dispositif en 2016 étaient moins onéreux pour la Ville qu’un seul mois ½ d’hébergement à l’hôtel pour ces mêmes familles…