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« Dans ma tête, je sais qu’il faut tenir bon. »

Avec la crise sanitaire, Ferjani, 29 ans, a perdu son travail et son logement.
Il s’est retrouvé à la rue.

« Je suis arrivé en Alsace en 2017 et je me suis toujours débrouillé tout seul. J’étais bien, je vivais tranquille, j’avais un logement et un travail qui m’occupait quelque fois 7 jours par semaine. Tout allait bien. »

Ferjani parle de sa vie d’avant. Peintre en bâtiment et serveur à l’occasion, il raconte les enchainements de petits boulots à Mulhouse et la satisfaction de vivre comme il l’entend.

« Parfois, j’étais sur un chantier de peinture puis le soir et la nuit, je servais à des mariages. J’avais un studio en centre-ville, j’étais locataire. Je ne manquais de rien, j’arrivais même à mettre un peu d’argent de côté. Et tout à coup, tout a basculé. »

Dès le début du confinement, Ferjani essaye de tenir bon. Grâce à ses économies, il arrive à payer son loyer malgré l’arrêt brutal de toutes ces activités professionnelles. Pendant 3 mois, en réduisant toutes ses dépenses au strict nécessaire, il arrive à se maintenir dans son logement.

« J’avais des économies et j’ai pu payer mon loyer de 350 euros pendant 3 mois. J’achetais juste de quoi me nourrir. Puis, tout s’est arrêté d’un coup. J’ai d’abord été chez des amis à droite, à gauche. J’ai dormi dans une caravane… c’est alors que  je suis allé à l’accueil de jour de l’association Surso…»

Sur place, Ferjani peut déposer quelques affaires, prendre une douche et un petit-déjeuner. Parler aussi et être écouté.

« Franchement, à l’association, toute l’équipe est vraiment sympa, à l’écoute, ça fait du bien de pouvoir parler… Depuis un mois, je suis hébergé à l’hôtel, c’est dur, il faut tenir bon. J’espère vraiment trouver rapidement du travail… »

Depuis que l’hiver est là, Ferjani s’est résolu à appeler le 115, sur les conseils de l’association. Depuis le premier confinement, des places d’hébergement d’urgence ont été pérennisées et l’hôtel où Ferjani a été orienté en fait partie. Il est hébergé en périphérie de Mulhouse avec une quinzaine de personnes et de familles, ainsi qu’une quarantaine de mineurs isolés.

« On est à une heure à pied de Mulhouse, dans une zone commerciale, on nous livre 3 repas par jour dans une chambre qui fait office de cuisine. »

« Nous le voyons, toutes les personnes qui sont mises à l’abri en hôtel continuent de venir nous voir à l’association. Elles souffrent de l’isolement. Vivre à l’hôtel 24 heures/24, c’est dur, certaines personnes y sont depuis octobre dernier… La situation est assez explosive. Venir à l’accueil de jour (photos ci-dessus et ci-dessous), c’est un sas de décompression. Cela montre combien le lien social est important », précise Anaelle Royer, travailleuse sociale à Surso.