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Femmes à la rue : le film

Tourné en janvier et février derniers, « Les Invisibles » sort le 9 janvier, en salle. Une fiction unique en son genre sur le parcours de vie de femmes en grande précarité ou dans la rue.

Adolpha Van Meerhaeghe a connu la pauvreté, la violence familiale et maritale, l’alcool, et même la prison. Aujourd’hui, à 70 ans, elle est une autre femme. Elle est artiste. Elle expose et anime des ateliers auprès de jeunes, d’handicapés, à Lille et à Roubaix. Elle a aussi écrit un livre sur sa vie. À partir du 9 janvier 2019, on la découvrira aussi en tant qu’actrice dans « Les Invisibles » où elle joue son propre rôle.

« Ce film, j’ai adoré le faire et je l’adore ! J’ai eu froid en le faisant, ça a parfois été dur mais c’est une vérité et une vérité où il y a de l’humour. On a beaucoup ri en le faisant et c’est ce que j’ai envie de dire à tout le monde : « Allez le voir, vous allez rire ! »

La réalité de la rue est dure, oui, mais l’humour et l’espoir ont aussi leur place dans les vies de ces personnes qu’on ne voit pas, devant qui l’on passe sans regarder et qu’on rejette même… Pour moi, ce film doit donner de l’espoir : espoir pour les personnes à la rue et espoir que les gens les considèrent différemment.

En jouant ce que j’ai subi, je ne cherche pas à oublier car je n’oublierai jamais. Mais j’ai décidé de laisser cette vie d’avant de côté. Ce film est réel et drôle : on peut tous vivre des choses très dures dans la vie, mais on peut aussi les laisser de côté et repartir. Des relations très fortes se sont nouées entre nous, les femmes, et l’équipe. Il y avait une sacrée solidarité ! Pour mes 71 ans, en juin prochain, j’inviterai tout le tournage à faire la fête dans mon quartier. »

Parmi les actrices du film, Corinne Masiero, qu’Adolpha connaît bien pour avoir plusieurs fois interprété avec elle une lecture-spectacle de son livre « Une Vie bien rEnger d’Adolpha ».


« Je n’ai jamais pensé que ces femmes étaient différentes de moi. Il n’y avait pas elles d’un côté, et les actrices dites « professionnelles » de l’autre. Même si on n’avait pas le même vécu, nous étions toutes ensemble. On partageait nos plaies et nos bosses. Il y avait un effet miroir terrible.

 

À un moment ou à un autre, on a toutes été dans ce cas-là, incapables de continuer parce qu’on était trop remuées. Il m’est arrivé plusieurs fois d’éclater en sanglots lors de scènes qui me ramenaient à des trucs très personnels... 

Quand on ne le connaît pas, on a tendance à penser que le quotidien de ces femmes est uniment sombre. On se trompe ! Il est aussi bourré de « marrades ». L’humour est l’arme la plus efficace des gens en galère. C’est leur meilleure béquille pour atteindre la résilience. C’est leur point de ralliement. C’est d’ailleurs pour cette raison que Louis-Julien voulait que « Les Invisibles » soit une comédie. Une comédie, donc, avec, comme dans la vie de ces femmes, le rire en partage, qui évite les regards condescendants et met tout le monde sur un pied d’égalité. 

Concrètement, ce film a permis aux femmes qui ont participé au film de regarder la vie autrement. L’une d’elles, Adolpha Van Meerhaeghe est aujourd’hui encore à mes côtés. On fait du théâtre ensemble et on monte des projets.

J’espère aussi, mais c’est moins quantifiable, que le film va permettre aux gens de se rendre compte que la rue n’est pas une fatalité et que personne n’est à l’abri de s’y retrouver. Et puis, rêvons un peu, peut-être contribuera-t-il à casser l’inertie des pouvoirs publics vis-à-vis des personnes sans abri. »

« J’ai voulu proposer au spectateur de relever son regard »

C’est avec ces mots que Louis-Julien Petit, réalisateur des “Invisibles”, évoque sa démarche. « Je me suis servi de la comédie comme lien entre les spectateurs et les « invisibles », pour que l’on porte un vrai regard sur ces personnes que l’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir. 

J’espère qu’en regardant ce film, les spectateurs se feront un avis. Travailler avec ces femmes qui ont connu la grande précarité et/ou la rue m’a énormément apporté. Elles sont l’image de la résilience. Ce film met aussi en avant la difficulté de la réinsertion…. Nous sommes vraiment tous fiers d’avoir pu réaliser cette fiction ensemble. »

Découvrez la bande-annonce du film :