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L'édito du 31 mars

Chers Amis,

Comme vous le savez, la fin du mois de mars marque la fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions locatives qui provoque tant de drames humains chaque année. Pour mémoire, c’est l’abbé Pierre, notre fondateur, qui avait plaidé pour l’instauration de cette trêve, en 1956, afin de permettre à tous les locataires, à toutes les familles en difficulté, de ne pas se retrouver à la rue durant l’hiver.

Depuis le début de la crise sanitaire et malgré l’extension de la trêve (repoussée en 2020 en 2021), plus de 20 000 ménages ont été expulsés, sans qu’un relogement et parfois même un hébergement ne soit toujours proposé par la puissance publique comme le prévoyait la circulaire du gouvernement, ce qui n’est pas acceptable.

Depuis sa création, il y a 30 ans, la Fondation s’est toujours battue pour mettre fin à l’injustice et au drame des expulsions locatives, demandant la mise en place d’une politique ambitieuse de prévention et d’accompagnement social et juridique des ménages en difficulté ; ceci afin d’éviter de nouvelles catastrophes sociales. En 2013, elle créait une plateforme « Allô Prévention Expulsion » animée par des bénévoles et des juristes qui a permis de venir en aide et d’orienter sur tout le territoire plus de 17 000 ménages.

Aujourd’hui, après deux ans d’une crise sanitaire inédite, les charges liées au logement sont en forte augmentation, nécessitant un soutien financier accru de l’État pour soulager tous les locataires modestes qui risquent de basculer dans la précarité si rien n’est fait pour desserrer l’étau dans lequel ils se trouvent. Trop de familles, trop de personnes âgées ou de jeunes vivent sur le fil du rasoir et peuvent se retrouver en situation d’impayés de loyer à la moindre difficulté supplémentaire, à la énième hausse du coût de l’électricité ou du gaz... et au final, menacés d’être expulsés.

Rappelons aussi que le 1er avril marque la reprise des coupures d’énergie. Or les interventions pour ménages en impayés ont déjà explosé en 2021 à un niveau historique (785 000 coupures ou réductions de puissance ont eu lieu). Il faut donc au plus vite augmenter sensiblement le chèque énergie, accélérer la rénovation des passoires énergétiques, abolir les coupures d’électricité et mettre enfin en œuvre une politique de prévention des expulsions qui protège les plus fragiles d’entre nous.