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L’enfance et la jeunesse de l’abbé Pierre

Cinquième d’une famille de 4 filles et 4 garçons, Henri Grouès est né le 5 août 1912, à Lyon. Son père, Antoine, est un industriel de la soierie. Les Grouès sont d’abord installés rue Sala, dans le quartier bourgeois d’Ainay, avant de partir dans l’une des banlieues prospère de la capitale régionale, à Irigny.

Curieux de tout, Henri est un enfant turbulent. Il veut tout apprendre, il cherche toujours à savoir. Son père devra manifester beaucoup d’habileté pour élever le jeune homme… L’éducation de la famille Grouès est avant tout religieuse. Antoine, ne néglige pas d’accomplir ses devoirs de chrétien par des actions concrètes au service des plus pauvres de Lyon.

« J’ai vu mon père, tablier serré autour de la taille, une paire de ciseaux  à  la main, occupé à couper les cheveux d’un pauvre gars. Il s’y prenait très mal, le type l’houspillait sans arrêt car il lui tirait les cheveux.
 Quand nous sommes repartis, il s’est adressé à nous :

 « Avez-vous vu comme il est difficile d’être digne d’aider les pauvres ? »

Un autre événement marque la jeunesse d’Henri. Pensionnaire avec ses frères un moment au collège à Saint-Irénée, alors que sa mère est trop faible pour garder auprès d’elle tous ses enfants, Henri s’échappe un jour où il est collé tout le week-end. Rentré chez lui, il est fiévreux et le médecin diagnostique les oreillons. Sa mère et ses sœurs le dorlotent. Quand arrive enfin la lettre du collège dénonçant son évasion, on n’eut pas le courage de le réprimander. « De cet épisode, je tirai la conclusion que la chance m’accompagnait. M’est également venue l’audace de prendre des risques, porté par le sentiment que ce qui était juste ne raterait jamais. »

Pas étonnant dans ces conditions qu’Henri intègre la première troupe de scouts de Lyon. Ses camarades, bons observateurs, le baptisèrent « Castor méditatif ». Pouvaient-ils se douter qu’un jour, devenu abbé Pierre, Henri serait bâtisseur de logements ?

Un jour de l’année 1927, son adolescence le mène en Italie, sur les pas de saint François d’Assise. L’émotion est là, la vie du saint est une révélation.  
Quand il a dix-neuf ans, Henri annonce à son père qu’il souhaite entrer chez les Capucins.

« Je veux être le plus pauvre parmi les pauvres ! »