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« Mais qui sont donc ces fauteurs de désordre » ?

Message de l’abbé Pierre

Le message de l’Abbé Pierre était particulièrement percutant et sa ténacité sans pareille lorsqu’il était face à une forme d’expulsion touchant parents et enfants en logement ou en squat. À l’instar de son combat pour aider les personnes expulsées dans la capitale, en juin 1990, l’Abbé Pierre se faisait facilement le porte-parole de nombreuses associations, de Collectifs divers pour défendre le droit au logement pour tous.

De telles interpellations, toujours nécessaires, sont aujourd’hui portées notamment par la Fondation Abbé Pierre dans notre société qui détient aujourd’hui un bien triste record, plus de 30 000 personnes expulsées en 2017 avec le concours de la force publique… sans oublier toutes celles et ceux qui ont quitté leur logement bien avant la contrainte de la procédure souvent humiliante.

Chaque année, après la trêve hivernale, les salariés et bénévoles de la Fondation constatent la multiplication de ces drames humains, accentuant la précarité de personnes, de familles entières déjà vulnérables.

C’est le droit le plus élémentaire, le droit à avoir un toit, qui est alors bafoué à chaque fois qu’une personne est mise à la rue. Et que deviennent alors « Le droit de vivre, le droit de fonder une famille, et de la faire vivre humainement logée ?... Mais qui connaît bien leur souffrance ? » pointait, révolté, l’abbé Pierre.

Il poursuivait en soulignant combien il est important d’accompagner individuellement toutes celles et ceux qui risquent d’être touchés par ce drame inacceptable. « Leurs cas ne sont pas tous identiques. Les uns sont à la rue pour cause d’immeuble en péril. D’autres sont des preneurs de locaux inhabités d’où ils furent rejetés à la rue eux aussi… ».

Aujourd’hui, à tous les échelons, les responsables politiques doivent agir au plus vite pour corriger les erreurs passées. La Fondation Abbé Pierre attend de l’État le respect du droit dont il est garant et l’augmentation conséquente, des moyens humains et financiers pour mettre fin définitivement aux expulsions locatives. Comme le rappelait très régulièrement l’abbé Pierre « Malheur à une démocratie riche qui se moquerait de ses exclus » !

Raymond Etienne,
Président du groupe de la mémoire Abbé Pierre.