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N’oublions pas les jeunes

Message de l’abbé Pierre.

Nous les adultes, nous sommes souvent injustes envers vous, vous les jeunes, parce que nous vous sentons réfractaires, […] et comme on dit “n’y croyant plus”, nous vous accusons.

Alors que si nous avions le courage de regarder avec lucidité les choses comme elles sont, les réalités du temps dans lequel vous n’avez pas choisi de naître… Comme c’est compréhensible que vous ayez ce désarroi, que vous ayez peur, comme vous dites, de vous laisser “récupérer”
par le “système” pris par une course grotesque à consommer toujours davantage pour aboutir finalement à la tristesse... ».

« Comme c’est compréhensible que vous ayez ce désarroi, que vous ayez peur, comme vous dites, de vous laisser “récupérer” par le “système” pris par une course grotesque à consommer toujours davantage pour aboutir finalement à la tristesse... »

C’était il y a 43 ans. La situation économique et sociale n’était pas celle que nous connaissons. La grande majorité des jeunes d’alors avaient des perspectives et des aspirations, même si elles contrariaient celles que leurs parents avaient pour eux.

Mais aujourd’hui face au manque de logement, de travail ou plus globalement d’avenir et de perspectives, de nombreux jeunes crient leur rage. Une rage qui parfois s’exprime avec une grande violence.

Dans un livre paru quelques jours après la mort de notre fondateur, l’Abbé pressentait l’orage qui s’annonçait et les drames qui allaient déstabiliser nos démocraties.

Il s’interrogeait sur une société qui isole une partie de sa jeunesse dans des « ghettos ». Il regrettait qu’au lieu de transmettre les valeurs du vivre-ensemble, on ne propose aux jeunes qu’un apprentissage de la précarité.

Il prédisait que si nous ne changions pas de politique, si nous n’offrions pas aux jeunes des perspectives, un jour, cela nous « tomberait dessus ». Il avait raison.

Il ne s’agit en aucun cas de justifier les actes violents ou désespérés commis par quelques jeunes, mais simplement d’avoir en tête ce que l’abbé Pierre écrivait dans son livre testament, « N’oublions pas les jeunes ».

Il n’est pas trop tard. Espérons maintenant que nos responsables politiques ne les oublient pas et respectent les engagements pris en faveur des jeunes lors de la campagne présidentielle.


Raymond Etienne,
Fondateur, Président du groupe de la mémoire Abbé Pierre.