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« Je sais combien c’est précieux d’avoir un toit »

Yannick, 49 ans, a vécu 15 mois à la rue. Il est aujourd’hui bénévole à la Boutique Solidarité de Marseille.

Yannick n’a qu’une envie : pouvoir retourner à la Boutique et se rendre utile. « Il va pourtant falloir que j’attende encore car elle a rouvert ses portes lundi 11 mai, mais seulement avec les salariés dans un premier temps… »

En attendant, il n’est pas resté les bras croisés pendant le confinement et soutient les bénévoles d’une autre association marseillaise en distribuant des colis alimentaires aux familles en difficulté.

« Moi, je sais ce que ça fait de vivre à la rue, j’ai dormi pendant des mois sous le tunnel des taxis, près de la gare. À Marseille, en ce moment, avec le Covid-19, tous les accueils de jour sont fermés. Pour se doucher, comment on fait quand on est dehors ? Pour se nourrir aussi c’est galère et il y en a qui ont vraiment faim. Et puis, il y a le lien social, le contact qu’on n’a plus et qui manque beaucoup, je le sais…. C’est tout cela que la Boutique apporte chaque jour et qui m’a sauvé la vie, moi, quand j’ai fait mon burnout. Quand j’ai commencé à fréquenter la Boutique Solidarité en février 2018, on m’a tout de suite écouté ; personne ne m’a raconté ses problèmes et on m’a laissé raconter les miens ; on a fait attention à moi. »

Célibataire, Yannick a été ouvrier-boulanger pendant 30 ans, à Marseille et ailleurs. Aujourd’hui, lorsqu’il parle de lui, plusieurs vies défilent sous ses yeux. Mais Yannick cherche surtout à parler de sa nouvelle vie, à rappeler les bons souvenirs. Parmi eux, celui de son logement. Alors qu’il était bénéficiaire du RSA, un bailleur privé lui a fait confiance il y a un an. Une étape dans sa vie qui l’a beaucoup marqué.

« D’abord, je n’y ai pas cru car je n’étais pas seul à avoir visité le logement et puis ma demande de logement social ne donnait rien… Et finalement, le propriétaire m’a rappelé en me disant : c’est vous que je veux, je vous fais confiance. Grâce aux APL, je ne débourse que 80 euros par mois pour mon loyer et mes charges. Je suis toujours au RSA et même si je n’ai pas l’occasion de faire beaucoup d’extras, je m’en sors et je m’en sors plutôt bien comparé à ceux qui sont à la rue… Je fais attention à tout ce que je fais et je paye d’abord mon loyer et mon électricité.»

 

« Du sens à ma vie »

Dès qu’il le pourra, Yannick retournera à la Boutique où il soutient les salariés deux matinées par semaine, les mardi et jeudi. « Je sais que je suis utile et que cela aide vraiment ceux qui viennent. En plus, quand je leur dis que j’ai vécu à la rue, ils parlent plus facilement. Aller vers les autres, me sentir intégré à l’équipe, cela donne du sens à ma vie tous les jours. »