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Seul et mal logé : briser le cercle - Message de l'Abbé Pierre

    Se retrouver à la rue, parfois très brutalement – rappelons que plus de 36000 personnes ont été expulsées avec le concours de la force publique en 2018, soit une augmentation de 152 % en moins de vingt ans – et devenir peu à peu invisible aux yeux des autres, aux yeux de la société, des institutions et des dispositifs publics.

    Aujourd’hui, la détresse et l’isolement frappent des dizaines de milliers de personnes dans notre pays, réduisant au fil des jours, les possibilités d’insertion pour celles et ceux qui peinent à se maintenir debout, qui n’ont plus la force ni la possibilité de s’en sortir seuls.

    « La maladie la plus constante et la plus mortelle, mais aussi la plus inconnue, de toute société se trouve dans son indifférence, puis, bien vite, son ignorance à l’égard du sort des moins forts de ses membres…»

Avec ces mots rédigés en novembre 1961, l’abbé Pierre était déjà visionnaire. Avec lucidité, il dénonçait le risque insidieux et le péril d’une société égoïste, sans pitié pour les plus faibles, qui continuerait d’exclure et de faire des victimes.

Aujourd’hui, l’urgence d’une société plus juste et plus solidaire n’est plus à démontrer et les inégalités, dénoncées fortement dans notre pays pendant de nombreux mois l’an passé, en témoignent. Mais cette société n’est pas uniquement de la responsabilité de chacun, de la responsabilité de chaque citoyen, elle est aussi et avant tout de la responsabilité de toute la puissance publique et jusqu’au plus haut sommet de l’État.

« En aucune affaire autant qu’en celle-ci n’apparaît de si éclatante façon, à la fois l’absurdité et l’hypocrite illusion qu’il y aurait à croire possibles des attitudes et des actions convenables et efficaces, sans le concours des ressources, des coordinations et des soutiens provenant des pouvoirs publics.»

Construire plus de logements accessibles pour les ménages très modestes; respecter les droits des personnes sans abri ; mettre en œuvre le « Logement d’abord », résorber l’habitat indigne… c’est à nos responsables politiques nationaux que nous avons mandatés par notre vote, à nos nouveaux élus municipaux nouvellement élus, d’agir afin que plus personne ne soit obligé de dormir dehors. Avoir un toit et vivre dignement, partout dans notre pays, ne doit pas être une utopie.