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D’une trêve hivernale à l’autre…

À 67 ans, Mme F. vit en sursis dans sa chambre de bonne.

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Mme F. vit depuis des années dans une chambre de bonne. Depuis sa fenêtre, elle voit la Seine. Mais jusqu’à quand ? Le 7 novembre 2018, le juge lui a résilié son bail, les héritiers du propriétaire voulant vendre.

Assise devant la petite télé, elle baisse le volume « pour ne pas déranger les voisins » habitant les 5 « placards » mitoyens. « Je regarde des films indiens, ça m’évite de penser à tout ça ! », murmure-t-elle par-dessus la bande-son bollywoodienne.

Autour d’elle, un frigo, une plaque chauffante, une télé. Tout est étroit, serré, mais rien ne dépasse, si bien, que, l’on peut se demander si Mme F. possède d’autres objets personnels.

Pour circuler de l’entrée de sa chambre de bonne à la fenêtre, la retraitée de 67 ans doit replier son lit clic-clac. Les sanitaires, communs, sont sur le palier. La locataire ne dispose que d’un lavabo pour sa toilette quotidienne.

Pour prendre une douche et faire sa lessive, chaque samedi, elle rend visite à sa soeur à Argenteuil, malgré son problème à la hanche et ses difficultés à marcher. Au total, deux heures aller-retour en transport en commun.

Mme F. touche le minimum vieillesse et s'enorgueillit d'être à jour de ses loyers. Mais, suite aux recours des héritiers du propriétaire, désireux de vendre, le juge a résilié son bail le 7 novembre 2018.

Pourquoi ne souhaitent-ils pas maintenir la vieille dame, célibataire sans enfants, dans ses 9 m2 ? Selon Mme F., c’est à cause de son loyer, qui s’élève à 250 euros. À titre comparatif, deux étudiantes se partagent la chambre d’à côté – de surface équivalente pour 600 euros par mois.

Avec le début de la trêve hivernale, la locataire a un peu de répit, mais la sexagénaire n’a aucune solution de relogement et sera de nouveau expulsable en mars prochain…. Une situation qu’elle a déjà vécue l’an dernier : « Je ne dors plus, je fais de la tension, je dois prendre des médicaments. Je vais finir à dormir au bord du fleuve. »

Depuis l’an dernier, la Fondation Abbé Pierre, par l’intermédiaire de son Espace Solidarité Habitat, tente de faire repousser l’expulsion car, avec sa faible retraite, Mme F. a beau chercher, elle ne trouve rien dans ses moyens.

Dans le 16e arrondissement, quartier parisien huppé, 10 % des locataires sont mal logés, presque autant que dans le 18e, un quartier traditionnellement populaire. Madame F. répond à tous les critères d’accès au logement social. Mais, comme 236 942 autres demandeurs en 2017, elle est sur liste d’attente.

Retrouvez notre focus complet sur la trêve hivernale