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« J’ai été relogé, mais j’ai eu peur. »

Pierre, 47 ans, vit depuis le 30 novembre dernier dans un 40 m2, dans le XIIIe arrondissement de Paris.


Suite à de nombreux impayés, Pierre a finalement été assigné en justice par son propriétaire, en 2016. « C’est là que tout a commencé, la peur et le stress de se retrouver dehors et très vite, la trêve hivernale qui suspend tout.  J’avais l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Après la trêve, j’avais peur de voir débarquer l’huissier ou mon propriétaire et je ne savais pas du tout quoi faire. »


Pierre est d’autant plus inquiet qu’il a peur de perdre la garde partagée de sa fille de 14 ans ½.

« Je suis passé par hasard devant l’Espace Solidarité Habitat et tout de suite on m’a aidé, et d’une façon vraiment positive. On arrivait à dédramatiser ma situation et en même temps, à reconnaître l’urgence et à faire pression auprès des bonnes personnes… ça a été une grande aide d’être épaulé comme cela, c’était vraiment fort ! C’était très précieux et cela m’a permis de garder espoir."

Pendant tout l’accompagnement dont j’ai bénéficié, on m’a parlé un vrai langage humain, on n’était pas juste dans une procédure.

Quand il retrouve un emploi, Pierre apprend que son propriétaire veut désormais vendre son bien et qu’il va donc falloir qu’il trouve un autre logement, alors qu’il avait repris le paiement de son loyer et trouvé une solution pour assainir sa dette, avec l'aide de l’ESH.

« Je m’entendais bien à nouveau avec mon propriétaire et je ne voulais vraiment pas perdre à nouveau sa confiance. On avait convenu que je quitte l’appartement le 30 novembre.
 Heureusement, j’avais fait une demande de logement social dès le début de l’année 2016, je redoutais l’exil en banlieue et la perte de la garde alternée… mais je n’ai eu aucune proposition, j’ai écrit partout pour expliquer ma situation et à part le maire-adjoint du XIe qui a pris la peine de me répondre, j’avoue que j’ai été écœuré en voyant les lettres-type, toujours les mêmes, que je recevais… C’est vraiment contre-productif et tellement irrespectueux pour les gens… Je comprends mieux maintenant le désespoir des personnes qui n’arrivent pas à se loger."

Sans lâcher prise, l’ESH continue de soutenir Pierre et lui conseille une ultime relance dans le cadre des « accords collectifs », avec l’appui de mon assistante sociale.

« Solliciter les accords collectifs départementaux, est une piste qu’il ne faut pas négliger car chaque logement n’est proposé qu’à un seul ménage. Cependant, les critères sont assez nombreux. Pierre, avec son salaire, son CDI et l’expulsion qui le menaçait, correspondait au profil », précise Mélanie Tridon, la chargée de mission à l’ESH qui a accompagné Pierre. 

"Alors que je n’y croyais plus, j’ai eu tout à coup une réponse en moins d’un mois !  On m’a proposé un 40 m2, dans Paris, pour un loyer 3 fois moindre que dans mon ancien appartement. Mais j’ai eu très peur car plusieurs jours ont passé sans que j’ai une réponse. Dans le doute, j’ai failli signer un bail auprès d’un propriétaire privé, pour un appartement plus petit et plus cher, je ne pouvais pas rester sans solution. 

Je me souviendrais toujours de cette date du 30 novembre, j’ai eu une réponse positive en fin de journée, alors que je signais le lendemain matin pour l’autre appartement. J’ai réussi à demander 2 jours à mon propriétaire pour le déménagement et on s’est quitté en bon terme, ce qui m’a soulagé.

 Aujourd’hui, une nouvelle vie commence. Je me sens un peu seul dans mon quartier pour l’instant, mais je suis heureux et soulagé. Je peux le dire, vraiment, l’Espace Solidarité a changé ma vie. »