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Un toit, une nouvelle vie

L’association « La Sasson », soutenue par la Fondation, a mis en place un dispositif exemplaire d’accès au logement pour les personnes en difficulté.

Après des années de rue et d’errance, après des années d’hébergement d’urgence en collectif, vivre dans un logement autonome est une étape plus que délicate, même si elle est désirée. Pour l’association « La Sasson », tout le succès d’une telle démarche repose sur l’accompagnement des personnes.

« À l’origine, nous étions devant un cas de conscience : une personne qui fréquentait notre association ne pouvait retourner à la rue sans risquer d’y perdre la vie. Nous l’avons donc placé dans un appartement et l’avons accompagnée pendant 4 mois. Cela a demandé un gros investissement de la part de l’équipe. Au bout de ce temps, nous avons écouté le retour d’expérience de cette personne et décidé de continuer ! », explique Paule Tamburini, la responsable de l’association.

C’était en octobre 2016 et depuis, « toi-t d’abord » loge une vingtaine de personnes dans 3 villes du département, dont Chambéry et Aix-les-Bains.

« Le choix de la commune se fait avec la personne qui va devenir locataire. Après un parcours de rue, certaines préfèrent ne pas s’installer dans la ville où elles ont connu l’errance. Le repérage des personnes se fait dans notre lieu-ressource, situé dans l’un des quartiers prioritaires de la Ville et ouvert tous les lundis. Là, peu à peu des liens de confiance se nouent et le projet se construit », précise Otto, le travailleur social qui intervient sur le projet.

Prendre totalement possession du logement ne se fait pas en un jour, même avec un accompagnement. Certains dorment dans une tente à l’intérieur de l’appartement ; d’autres n’ouvrent pas leurs cartons… d’autres encore ont « du mal à ne plus voir les étoiles ». Pour chacune des personnes qui accepte l’aventure, il s’agit d’un véritable défi à relever. Et l’accompagnement est l’une des clés de leur réussite.

Prise en charge technique du logement, gestion des factures, ouverture des compteurs, état des lieux…. À chaque étape, la personne accompagnée est actrice et rien ne se fait sans elle.

Jusqu’à ce que le locataire se sente totalement autonome, l’équipe se relaye au téléphone et des visites à domicile ont lieu très régulièrement. « Nous partons du principe que tout doit se faire avec la personne…au début, nous prévoyons un appel téléphonique ou une visite à domicile chaque semaine. Il n’y a pas d’échéance, ni pour mettre fin à notre accompagnement ni pour quitter les lieux. »

Deux ans dans un garage en sous-sol

Mme X et son mari n’oublieront jamais la date du 4 décembre 2018. C’est le jour de leur installation dans un appartement de 60m2, tout près de l’association. Avant cela, ils ont vécu plus de deux ans dans un garage en sous-sol.

« On dormait à même le sol, à côté de la voiture de la personne qui nous prêtait son garage. Pas de fenêtre, pas de point d’eau… juste une prise électrique à côté du garage. On avait une plaque pour faire chauffer nos repas. On avait notre chienne avec nous et il était hors de question qu’on aille ailleurs si elle ne venait pas avec nous. Quand l’association nous a dit qu’elle avait un logement pour nous et qu’on pouvait y aller avec elle, on nous a redonné la vie ! »

Ancien menuisier-électricien, Monsieur parle moins facilement de cette période si dure et avoue que le sentiment d’insécurité n’a toujours pas disparu. « Je n’y crois toujours pas, même si le sentiment a évolué, il est toujours là… »

L’association a aidé le couple de retraités à s’installer en équipant l’appartement. Et puis bien sûr, il y a eu les visites à domicile et les appels chaque semaine.

« C’est d’abord un lien humain qui fait du bien ! On était super content dans l’appartement bien sûr mais de pouvoir parler tous les jours, gérer les papiers… c’est important et toute l’équipe de l’association est vraiment attentionnée. »

Aujourd’hui, le couple a moins besoin d’accompagnement mais passe quand même tous les jours « dire bonjour ». Et la chienne, qui a fêté ses 17 ans cet été, est devenue la mascotte de toute l’équipe.

« On n’oubliera jamais ces 2 années passées dans le garage mais il faut continuer à vivre et il faut avancer. Avec l’association, ça a été possible. On leur dit vraiment merci et on espère que notre témoignage leur permettra d’être soutenue, si on peut les aider comme ça… »

Aujourd’hui, l’association loue une vingtaine de logements dans les parcs publics et privés.

Educateurs spécialisés, travailleur social, mais aussi infirmière et médecin… ils sont une petite dizaine de professionnels entourent les nouveaux locataires et participent activement au dispositif, certains bénévolement.

En amont, lorsque le projet d’installation en appartement se précise, les démarches d’ouverture de droits permettent de définir le coût du loyer. « Au départ, et jusqu’à l’obtention des aides, le loyer est couvert par l’Allocation de Logement Temporaire, ce qui fait que la personne ne paye rien. Puis, une fois que les aides sont perçues, il ne lui reste qu’un petit résiduel à payer. »

Le dispositif est encore expérimental mais il est pérennisé jusqu’en 2020 et l’objectif est d’atteindre le chiffre de 25 personnes locataires. 

« Ce qui fait la force de ce dispositif, c’est aussi l’implication des différents partenaires, l’État, l’ARS, la Mairie de Chambéry, la Fondation… il y a un très gros travail de concertation et de bienveillance auprès des personnes accompagnées dans le logement », confirme Paule Tamburini.