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L'accès au logement des personnes en grande exclusion.

Et si on commençait par un logement ? Tel était le thème du colloque organisé par la Fondation le mardi 10 mars, à Paris, pour évoquer l'accès à l'habitat des personnes à la rue en grande précarité.

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Depuis plusieurs années, l’ensemble des acteurs travaillant sur la grande exclusion (pouvoirs publics, associations, sociologues) font le constat qu’une part importante des personnes sans abri n’accèdent pas au logement, ni même bien souvent à l’hébergement.

De multiples causes ont été avancées, tant du côté de l’offre d’hébergement (conditions d’accueil, qualité, exigences vis-à-vis des personnes hébergées) que des personnes elles-mêmes cumulant plusieurs problématiques (sociales, de santé, etc). Elles sont souvent considérées comme très éloignées du logement de droit commun, mais leur maintien à la rue par défaut compromet la moindre chance qu’elles accèdent un jour à une quelconque forme de logement, aussi adaptée soit-elle.

La Fondation Abbé Pierre soutient depuis une vingtaine d’années le secteur associatif en charge de l’accompagnement des personnes les plus démunies (réseau des Boutiques Solidarité notamment). 

Soucieuse de cette problématique, la Fondation Abbé Pierre a inscrit dans son plan d’action de « favoriser la création de réponses adaptées d’habitat, respectueuses des trajectoires de vie des personnes ».

Elle a constitué un groupe de travail composé d’une dizaine de membres « experts », principalement des personnes qui conduisent des actions, mais également des personnes accompagnées, préoccupées et concernées par ce questionnement.

Ce sont ces réflexions que la Fondation a souhaité partager avec un grand nombre de partenaires, lors de cette journée d'échanges.

Plusieurs acteurs associatifs ont témoigné devant les quelque 150 participants :

David Laumet et Gaëtan Durpoix du Relais Ozanam, à Grenoble, où le CHRS de stabilisation "La Place" composé de 13 bungalows, accueillent des personnes en errance, hommes ou femmes, isolées ou en couple, désocialisées et vivant à la rue.

Jean-Luc Sutter et Jean-Pierre Delcaf, de l'Association d'Aide au Logement des Sans-abri (Alsa) qui gère un parc de plus de 110 logements à Mulhouse et dans les environs, au titre de l'Allocation Logement Temporaire et de la stabilisation.

Travailler ensemble

Partenaires sociaux ou associatifs, usagers... la priorité est de se mettre autour d'une table pour identifier les freins à l'accès au logement, pour imaginer les leviers permettant de sortir de la grande précarité de manière définitive.

L'envie première : avoir un logement pérenne. Cette priorité dégagée à travers les échanges de la matinée, est fondatrice de toutes les expérimentations menées dans différentes régions, notamment à Grenoble et Mulhouse. 

Autre point essentiel évoqué par les participants : l'association des compétences professionnelles d'une part, et de l'expérience et de la disponibilité des bénévoles, d'autre part.

Pour Solidarités Nouvelles pour le logement 75 : "Le point d'entrée, c'est d'avoir un logement. Ensuite, pour que l'accompagnement vers le logement pérenne aboutisse, il faut un projet participatif où la bienveillance, l'écoute des bénévoles est essentielle pour reprendre confiance en soi, pour s'approprier dans le temps les droits et les devoirs du locataire."

Même écho du Relais Ozanam, à Grenoble : "Il faut d'abord et avant tout avoir l'envie de tenter l'expérience du logement. Puis ensuite, on peut accompagner le nouveau locataire vers l'insertion économique, vers l'accès à la santé...  Le préalable, c'est l'accès au logement."

Accompagnement vers le logement... et vers l'emploi ?

Une fois que l'accompagnement vers l'accès au logement est en place, peut-on imaginer l'accès à l'emploi pour les grands exclus ?

De même qu'il existe un accès à l'emploi adapté pour les personnes handicapées, des expériences tentent de favoriser un accès à l'emploi avec un minimum de démarches à effectuer et un paiement immédiat pour aider les grands exclus à renouer avec le travail.

Mais là aussi, rien ne peut se faire sans l'envie et pour les associations présentes, le travail ne doit pas être la condition sine qua non pour accéder au logement, comme c'est hélas le cas dans certaines structures d'hébergement...

Favoriser l'accès à l'emploi, c'est aider les grands exclus à se reconnecter petit à petit au monde du travail... À Bordeaux, l'expérience du travail payé à la journée a été mise en place ; à Grenoble, il s'agit du dispositif "Alternative à la manche" qui permet de travailler quelques heures par jour et d'être payé aussitôt...

En fin de matinée, un ancien SDF prenait la parole : "Nous avons les mêmes besoins, les mêmes désirs, les mêmes rêves que vous. Nous sommes exactement comme vous. Nous conservons des fragilités, bien sûr, mais nous avons survécu à la rue et c'est une force. Nous demandons que soit reconnu pour nous aussi, le Droit au logement et le Droit au travail.