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À Metz, « servir en premier le plus souffrant »

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Embolie du secteur de l’hébergement d’urgence, durcissement de la politique migratoire… dans le Grand Est, proche des frontières belge, allemande, luxembourgeoise et suisse, les associations, dont la Fondation, déplorent une situation qui s’est nettement dégradée en 3 ans.

« Certains migrants ont été esclaves en Libye, d’autres sont orphelins, d’autres encore ont traversé les Océans au péril de leur vie. On ne peut pas les laisser comme cela, sans ressource, à la merci de tous les trafics. C’est ce que je me dis tous les jours. » Pour eux, Martine Hoerner, coordinatrice de la Boutique Solidarité de Metz, fait face à un casse-tête qui se répète depuis près de deux ans : la prise en charge des mineurs isolés.

« Aujourd’hui, ils sont 27 et ont tous une place en foyer de jeunes travailleurs. Mais face à l’urgence des situations et au manque de places, heureusement que nous avons des familles d’accueil bénévoles… »

En 2013, suite à l’émergence de 2 bidonvilles en pleine ville, l’Agence de la Fondation a constitué un réseau de partenaires associatifs, de bénévoles, d’avocats et de familles citoyennes qui a permis de faire face à la situation et de trouver des réponses aux situations de détresse de ces jeunes. Mais il a fallu aussi tisser d’étroites relations à tous les niveaux de la puissance publique, notamment avec le Centre Départemental de l’Enfance car, parmi les demandeurs d’asile, se trouve une majorité de mineurs isolés. Martine, qui passe chaque matin à la Boutique, parle d’un véritable raz de marée.

« Sans notre intervention et notre réseau, ces derniers seraient à la rue depuis des mois, parfois même pendant des années. »

Refus d’identité

La situation est de plus en plus tendue : dès 2017, le Centre Départemental de l’Enfance rejettant majoritairement les demandes des mineurs sans photo sur leur pièce d’identité. « La lettre de refus, basée sur des considérations subjectives, est toujours la même, seul le nom change… Je fais mon possible pour leur trouver une place, en foyer, à l’hôtel ou dans une famille… Bien souvent, le CDE rend son jugement le vendredi après-midi, quand toutes les structures, y compris la Boutique, sont fermées. Dans le meilleur des cas, ils vont passer le week-end dehors, seuls et sans rien », ajoute-t-elle, amère.

Aujourd’hui, suite aux nombreuses interpellations de la Fondation, le Département confie la prise en charge des jeunes mineurs à l’Armée du Salut. Mais la mise à l’abri en urgence le vendredi soir jusqu’à l’intervention de ce partenaire est toujours problématique…

« Il faut énormément de temps pour que les jeunes prennent confiance. Peu à peu, la parole se libère et je vois à nouveau des sourires sur leur visage. À chaque fois, je me dis : ça vaut le coup d’aller jusqu’au bout et de se battre pour eux. »