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La Fondation soutient « La cloche à biscuits »

Depuis mars 2018, des personnes à la rue ou ayant connu l’errance ont la possibilité de faire un premier pas pour se réinsérer en mettant la main à la pâte.

« Ici, c’est le travail qui est au service de la personne et non l’inverse. Nous savons que le premier pas pour se réinsérer après un parcours de rue doit être progressif, du coup, ici, on peut travailler une heure et jusqu’à 16 heures par semaine, selon ses possibilités », précise Anne Sophie Duprey, travailleuse sociale, qui a la responsabilité de « La Cloche à Biscuits ».

Depuis l’ouverture officielle de cette activité d’insertion qui vient ajouter une corde de plus à l’arc de l’association « La Cloche », plusieurs biscuitiers se sont succédés dans les locaux du XIe arrondissement. Hommes et femmes, de 35 à 60 ans, tous ont appris quelques recettes pour confectionner des biscuits et les commercialiser.

« À l’atelier à biscuits, nous entretenons une relation d’égal à égal. Il n’y a pas un chef et les autres… Nous prenons nos décisions ensemble et nous sommes vraiment une équipe de collègues ».

Chaque mois, les personnes en insertion choisissent leurs horaires et leur cadence et sont sous contrat pendant un an maximum. Autour d’Anne-Sophie, un encadrant technique gère tout ce qui est fabrication et un autre gère les ventes. À noël dernier, la production a atteint 2 500 biscuits en une semaine avec un seul four !

« En été, le rythme est plus réduit et nous ne produisons que 2O0 biscuits, principalement vendus dans les kiosques de l’association « Lulu dans ma rue » qui est l’une de nos partenaires. Nous allons bientôt lancer une nouvelle recette et nous développons les ventes auprès des entreprises... »

Mais attention, l’objectif à « La Cloche à biscuits » n’est pas la productivité, c’est l’humain qui reste prioritaire. Grâce à deux bénévoles, l’association donne également des cours de français à celles et ceux qui le désirent, pour renforcer le lien et l’insertion qui se construisent peu à peu pendant les ateliers. « Nous avons un fonctionnement familial auquel nous tenons beaucoup. Pouvoir retravailler est un objectif, mais rien ne peut se faire sans le lien social et la confiance en soi. C’est d’abord cela que nous travaillons ici tous ensemble. »

"Y-O-U" : ce matin, Yousif, la quarantaine, prend le temps d’épeler son prénom avant de répondre aux questions. Irakien, il travaille depuis 10 mois à « la Cloche à Biscuits » et prend également des cours de français pour se perfectionner.

« Je travaille 3 heures et parfois 16 heures par semaine, ça dépend. En ce moment, comme ce sont les vacances, il y a moins de travail. J’aime bien venir travailler ici, j’apprends des recettes, je mets les biscuits en sachet et je vends aussi. J’aime aussi expliquer aux nouveaux quand ils arrivent… Ici, il y a une bonne ambiance, les gens sont gentils et intelligents, ce sont de bonnes personnes. Je sais que je peux travailler encore 2 mois ici, après il faudra que je trouve autre chose et Anne-Sophie m’a dit qu’elle m’aiderait. On verra ça en septembre…»

Yousif a beaucoup d’humour et blague souvent en racontant qu’il était acteur dans son pays et qu’il a travaillé avec Di Caprio… mais à la fin de la conversation, il reprend son sérieux pour annoncer une très bonne nouvelle à toute l’équipe : il vient d’avoir confirmation qu’il s’installera début août dans une Pension de famille, place de Clichy.

Comme plusieurs autres biscuitiers avant lui, Yousif aura bientôt une adresse pérenne à inscrire en haut de son CV. Un CV qui comporte désormais une liste de compétences techniques (fabrication, conditionnement…), de connaissances des règles d’hygiène et de sécurité … un CV complet et valorisant qui met fin à des années de galère et à des hébergements précaires « à droite à gauche ».