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Une place à table !

Grand soleil et succès pour la première édition des Rencontres gourmandes organisées par la Fondation Abbé Pierre, à Préfailles, en Loire Atlantique, du mercredi 25 au vendredi 27 mai.

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400 personnes attablées pour le banquet de clôture organisé par toutes les personnes accueillies dans les Boutiques Solidarité et les résidants des Pensions de famille de la Fondation participant aux rencontres gourmandes "Une Place à Table" à Préfailles (44)... L'enthousiasme des papilles et le goût du partage et de l'échange ont marqué ces deux jours au bord de l'océan.

Cette soirée qui associait habitants et participants était un moment autant festif que gustatif : un concert de chants marins et l'allumage de la ligne de feu sur la plage ont ponctué le dîner, point d'orgue de deux jours.

Les tables du banquet du soir sont dressées sur la place qui donne sur la plage et sur la ligne de feu et sont abritées sous de grands chapiteaux. Plusieurs mètres de bûches de bois empilées ont servi à cuire le repas du soir.

Le mode de cuissons originaux et artistiques (imaginés par les artistes culinaires et testés dans les Pensions de famille : un frigo relié par un tuyau à un tambour de machine à laver qui sert de fumoir (des œufs y seront fumés), une baignoire posée sur des parpaings qui sert de casserole géante pour cuire la poule au pot, un sommier métallique qui sert de support à une dizaine de cocottes (voir photos pour mieux se représenter), des grilles métalliques maintenues suspendues  au-dessus du feu par un système de poulies et sur lesquelles cuisent des araignées de mer, congres et agneau... joindre l'utile à l'agréable était la règle de cette soirée !

Sets de tables fabriqués par une PF, assiettes et verres dépareillés et bouquets de fleurs sauvages ornent la table dans des bocaux et boites de conserves. Dressage coloré et original.... Durant le banquet final, pas de service pour que tout le monde soit à table en même temps et ait bel et bien « une place à table ».

Auparavant, lors des deux jours de ces Rencontres gourmandes, les participants avaient apprécier l'environnement et se mettre en appétit de mille et une façons :

Pêche au carrelet à l'aube, visite d'une fromagerie locale, participation au marché de Préf'halles, fabrication d'une paella géante, projection du film "Le potager de mon grand-père", confection de fours solaires et de marmites norvégiennes... il y en avait pour tous les goûts et pour tous les genres, ce qui n'a pas manqué d'attirer l'oeil du public venu nombreux à la rencontre des participants.

Rollande, résidante à la Pension de famille de Bourges, participait pour la première fois à un événement collectif de cet ampleur et l'expérience a été une réussite : non seulement, aller à la pêche à pied, c'est respecter la nature, mais en plus, il y avait le petit côté nostalgique : « quand je ramasse des coquillages je me sens de nouveau comme une gosse ! »

Didier venait de la Pension de famille du Phare où il est installé depuis un an et demi : " C’est calme avec la plage et la mer, et on rencontre plein de gens". Il était à « C’est Pas du Luxe » et aux « Rencontres Sportives » de Toulon... Pour lui, être à « Une Place à Table » à Préfailles, a été une nouvelle expérience : "c’est un peu comme des vacances ".

Marie-Françoise et Emilie, hôtes à la Pension de famille de Bourges ont retrouvé avec plaisir collègues et artistes rencontrés lors d'événements antérieurs... Mais comme à chaque fois, les 6 résidants qui ont choisi de participer à "Une place à table" les ont surpris par leur enthousiasme :

"Ils sont tous très contents, on a même un pensionnaire qui s’est levé à 5h pour la pêche au carrelet alors qu’à la Pension, il fait toujours la grasse matinée !"

 

Un travail sur le goût et l'alimentation de plusieurs mois

Le lendemain, après les activités sportives et la découverte d'un aspect de l'économie locale, c'est au marché que les participants avaient rendez-vous avec la population. Du monde, des sourires, des bonnes odeurs de cuisine, de la musique qui attirent les chalands.

Des produits de qualité à goûter en quantité (tapenade, confitures, gâteaux, crêpes), avec à la clé un déjeuner sur place ou sur la plage au soleil... Huitres, pizza ou galette, chacun était libre de laisser place à son envie.

Le soutien de la Mairie et la participation active de 7 associations pour organiser un tel événement ont permis à tous de vivre une expérience unique qui a marqué Odile Bernardin, administratrice à la Fondation Abbé Pierre présente pendant les 2 jours des Rencontres :

"Je trouve l’ambiance extrêmement chaleureuse, les gens déambulent et se mélangent, que ce soient les accueillis, les gens de la FAP ou du village c’est très serein, tout le monde prend le temps de s’asseoir et de bavarder. On voit beaucoup de sourires. «Une Place à table » est un beau projet, surtout pour les accueillis qui sont fiers de présenter leurs créations et leur travail de plusieurs mois."

Autre moment fort de ces Rencontres, la visite des Salines à Millac, très appréciée par tout le monde où les témoignages du guide et du propriétaire ont trouvé un écho auprès de tous les participants lorsqu'ils ont évoqué leur histoire : "On a mis 10 ans à faire cette saline, avant il n’y avait qu’un marécage. Ce qui montre bien que quand on veut quelque chose on peut y arriver si on s’en donne les moyens".

Faire la cuisine, choisir et transformer des aliments pour se faire plaisir et prendre soin de soi et des autres... cela prend aussi du temps ! Cette première édition a demandé un an de travail à tous les participants et a réussi le pari de sensibiliser le public sur une réalité encore trop peu connue : l'insécurité alimentaire dont sont victimes les personnes qui vivent dans la précarité.

Stéphanie Le Quellec, la chef étoilée, marraine de ces rencontres gourmandes était présente le vendredi pour cuisiner aux côtés des participants : « La table et la cuisine sont des valeurs refuge », assure la chef « touchée » par cette démarche.

« C'est important de partager pour qu'ensuite, les personnes qui sont là puissent créer des plats à leur tour. C'est pour moi, une grande première. J'admire le travail de fond des bénévoles, leur temps, leur énergie. Heureusement que cet amour et cette amitié existent car aujourd'hui l'Etat se dédouane de toutes ces personnes qui souffrent de précarité.

Je vais improviser des préparations de plats simples et partager un moment cuisine avec eux, à partir d'aliments issus de la banque alimentaire. Je souhaite qu'ils comprennent qu'avec peu de produits, mêmes très simples, on peut faire bon et beaucoup. »