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Face à la précarité énergétique, la Fondation Abbé Pierre demande l’abolition des coupures d’électricité

S’éclairer, se nourrir, se chauffer, se laver, recharger ses appareils de communication, faire ses devoirs, inviter des amis, télétravailler… À l’heure de l’explosion des prix de l’énergie, l’électricité est plus que jamais un bien de première nécessité.

Pourtant, des centaines de milliers de personnes précaires en impayés en sont privées chaque année, dans ce qui s’apparente à une cruelle punition sociale. En 2019, d’après le Médiateur de l’énergie, le nombre d’impayés d’énergie avait progressé de 17 % en un an, engendrant près de 280 000 coupures d’électricité chez des ménages qui ne parvenaient plus à s’acquitter de leurs factures. Qu’en sera-t-il demain, alors que la crise sociale et la hausse du prix de l’électricité touchent des millions de ménages en difficulté ?

La privation d’électricité a des effets très concrets sur la santé, la sécurité et la vie des ménages : risques d’incendies par l’utilisation de bougies, de lampes ou de chauffage à pétrole, mais aussi risque d’exclusion sociale avec des effets dramatiques sur la santé mentale, l’estime de soi, la vie familiale et professionnelle et l’éducation.

C’est pourquoi la Fondation Abbé Pierre propose d’abolir les coupures d’électricité dans les résidences principales, quelle que soit la période de l’année, y compris en-dehors de la trêve hivernale des coupures d’énergie. Les fournisseurs n’auraient plus le droit d’interrompre la fourniture d’électricité mais pourraient, en en cas d’impayés durables, instaurer une réduction de puissance à hauteur par exemple de 1 kVa (1 000 watts). Ce service minimum de l’électricité permettrait de répondre aux besoins vitaux et sociaux élémentaires : allumer une ampoule, recharger son téléphone, brancher un ordinateur, conserver ses aliments et médicaments au réfrigérateur, faire les démarches nécessaires pour régulariser sa situation…

Cette puissance limitée, qui n’offrirait pas un confort normal (utilisation de tous les appareils électroménagers, d’un ballon d’eau chaude ou d’un radiateur électrique), ne participerait donc nullement à une quelconque « déresponsabilisation » du consommateur ni à une hausse des impayés1. Facilitée techniquement par le déploiement du compteur Linky, l’abolition des coupures d’électricité tout au long de l’année est déjà expérimentée chez certains fournisseurs, comme Plüm Energie qui l’applique sans difficultés depuis juin 2021

La Fondation Abbé Pierre demande au gouvernement d’agir rapidement pour en finir avec ces coupures d’électricité d’un autre âge, qui contreviennent au « droit d'accès de tous les ménages à l'énergie » inscrit dans la loi. Cette avancée minimale, comparable à l’interdiction des coupures d’eau de 2013, serait indispensable en complément d’une politique de rénovation énergétique des logements plus ambitieuse et d’une augmentation du chèque énergie.

« Je me réveille le matin à 7h30 puisque j’ai gardé le rythme de quand je travaillais, j’essaie de brancher mon téléphone et je vois qu’il ne charge pas. Je pensais que c’était mon tableau électrique qui avait disjoncté. Je ne pensais pas qu’il y avait un problème auprès du fournisseur…  J’ai perdu toutes les denrées alimentaires de mon congélateur. C’est une situation que je ne souhaite à personne, c’est invivable, je prenais des douches froides, je rechargeais mon téléphone chez l’épicier en bas de chez moi, et personne pour débloquer la situation… ».

Mme B. vit avec sa fille de onze ans. Elle a été coupée sans avoir eu connaissance de la menace. Elle avait un retard de paiement et les relances par e-mail tombaient dans ses spams.


1 La puissance de compteur la plus répandue pour une utilisation domestique quotidienne est 6 000 watts (6 kVA). La réduction de puissance intervenant avant la coupure chez les consommateurs en situation d’impayés le temps d’entreprendre les démarches nécessaires pour régulariser leur situation est fixée à 3 000 watts.