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Regard sur le mal-logement en Europe 2020

Selon les estimations de la Fondation Abbé Pierre et de la Feantsa, 700 000 personnes sont sans abri chaque nuit dans l’Union européenne. Une augmentation de 70 % en 10 ans.

Pourtant, durant la crise sanitaire, ce chiffre a très fortement diminué grâce aux mesures d’urgence prises par tous les pays d’Europe pour mettre à l’abri les plus fragiles.

C’est donc désormais prouvé : il est possible de mettre fin au sans-abrisme. Loin d’être une fatalité, il s’agit-là d’une question de volonté politique qui doit être partagée par l’ensemble des États membres.

L’Union Européenne doit impulser une dynamique auprès des 27 pays membres pour que cessent les situations contraires à la dignité humaine sur leurs territoires. Nous ne devons pas revenir en arrière, il ne doit pas y avoir de retour à l’anormale.

Eviter toute remise à la rue suppose une réforme en profondeur des politiques du logement nationales, sans oublier l’échelon communautaire, notamment en adoptant le modèle du Logement d’Abord, en promouvant le logement social abordable et en développant une politique ambitieuse de prévention du sans-abrisme.

En pleine négociation du futur budget de l’UE, les plus exclus et les mal-logés ne doivent pas être oubliés.

En 2019, un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, notait que l’augmentation des dépenses publiques du logement de 1 % permettrait de réduire les inégalités de santé de 2 %. L’investissement dans l’accès au logement pour tous a plus d’impact dans la réduction des inégalités de santé que l’investissement dans la protection sociale ou dans la santé elle-même.

En 2018, 7,3 % de la population européenne et 17,9 % des ménages pauvres étaient dans l’incapacité financière de maintenir une température adéquate dans leur logement. Si la moyenne européenne de cet indicateur est plutôt en recul ces dix dernières années, 16 pays ont vu une augmentation de la part de ménages pauvres confrontés à cette forme de précarité énergétique.

Les études sur le logement d’abord montrent toutes que loger les personnes coûte moins cher que les laisser à la rue.

Pourtant, l’aide à la construction immobilière est, dans la moyenne européenne, l’avant dernier poste de dépense des administrations publiques. Elles représentent 1,3 % du total des dépenses des administrations publiques européennes en 2018. Elles ont baissé en moyenne de 31,6 % dans l’Union Européenne en dix ans, de 114,7 milliards d’euros en 2008 à 97,9 milliards d’euros en 2018.

Les fonds structurels de l’Union Européenne doivent aider à la mise en œuvre du logement d’abord en Europe. Les investissements prévus dans le budget européen et le plan de relance notamment, ne doivent pas omettre l’importance du logement dans la lutte contre la pauvreté.

L’UE tient là l’occasion de montrer son rôle de soutien aux plus fragiles, dans le respect des droits fondamentaux.

Découvrir le rapport dans son intégralité : Cliquez ici


Crise de l’accueil

Ce « 5e Regard sur le Mal-logement en Europe » comporte également une étude sur les personnes en exil en Europe victime d’une crise de l’accueil et non pas d’une crise migratoire.

Ces personnes en exil sont déjà en temps normal des personnes vulnérables, soumises à des conditions de logement plus difficiles que la population générale.

Alors que le droit international reconnait le droit à un abri comme composante du respect de la dignité humaine, des hommes et des femmes sont soumis à des conditions de dénuement le plus total.

La Cour Européenne des droits de l’homme dans son arrêt du 2 juillet 2020 a condamné la France pour traitements inhumains, pour avoir laissé à la rue des demandeurs d’asile pendant plusieurs mois sans abri et sans ressources et renvoie le gouvernement à une obligation de moyen.

En France malgré une augmentation significative de places, en 2018 moins de la moitié des demandeurs d’asile ont pu accéder au Dispositif National d’Accueil (48 %).