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« Vraiment, je souffre »

À partir du 10 juin, Mme Zadi risque d’être expulsée, avec sa fille de 19 ans. Toutes les deux vivent dans un logement de 16m2.




Mme Zadi répond au téléphone calmement, pourtant, elle ne se sent pas bien depuis quelques jours et elle sait que cela va empirer dans les jours à venir. Le 10 juin, elle sera expulsée du logement qu’elle occupe depuis 2014 et dans lequel l’une de ses filles est venue la rejoindre depuis 4 ans, pour finir ses études de Droit à Paris.

« Je suis très malheureuse, on vit très mal ici, il y a des cafards, de l’humidité… il ya des infiltrations d’’eau partout dans les murs et j’ai de plus en plus de mal à respirer. Quand j’ai eu le Covid en mars dernier, ça a été très dur… »

Dans le petit logement très dégradé situé au 1er étage d’un immeuble dans le 10e arrondissement de Paris, deux chaises et une petite table pliantes ; un lit superposé. Pas de place pour autre chose.

« C’est terrible pour ma fille… je suis encore plus malheureuse pour elle que pour moi. L’année dernière, avec le confinement, elle ne pouvait plus aller travailler en bibliothèque et elle n’a pas pu réussir sa 3e année de droit. J’étais vraiment triste pour elle, ce ne sont pas des conditions pour étudier ici… »

Mme Zadi, 62 ans, est auxilliaire de vie et travaille la nuit dans une maison de retraite, elle a un revenu et s’est installée dans l’appartement lorsqu’elle vivait seule. Sa demande de logement social remonte à 2012, elle a été reconnue prioritaire Dalo en 2019.

Hospitalisée pendant 5 mois en 2014, elle n’avait pu payer son loyer à l’époque mais depuis, sa dette a été apurée grâce à l’accompagnement de l’Espace Solidarité Habitat qui a notamment permis la reconsidération du montant demandé par la propriétaire, réduisant le paiement demandé d’environ 8 000 euros.

3 ans après le début de la procédure d’expulsion, Mme Zadi n’a jamais eu la moindre proposition de logement social. Suite à la saisine du défenseur des droits par l’Espace Solidarité Habitat de la Fondation en janvier dernier, la Ville de Paris a été à nouveau alertée de la situation… sans aucun effet jusqu’à ce jour.
« Dans cette situation, toutes les démarches ont été faites par Mme Zadi que nous accompagnons depuis février 2018. Tout est en ordre, il y a eu un jugement, il y a eu règlement de la dette… tout aurait dû permettre le relogement », précise Nicolas Phan Van Phi, chargé de mission à l’ESH, qui suit Mme Zadi.

« À part durant 5 mois, j’ai toujours payé mon loyer dans ma vie, même quand la propriétaire a été mise en demeure de faire les travaux en 2018, après le passage du service d’hygiène de la Ville de Paris venu constater que le logement était dégradé. Le juge a fait baisser de 100 euros mon loyer et avait demandé que les travaux soient faits mais ça n’est jamais arrivé… Je ne reçois plus mes quittances de loyer depuis des mois et maintenant, elle veut m’expulser pour les faire soi-disant…. »