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L'édito du 03 avril

Chers Amis,

Vous le savez sans doute, la trêve hivernale a pris fin dimanche soir et ce sont des milliers de personnes, adultes et enfants, qui risquent désormais de se retrouver sans solution, expulsés de leur logement par les forces de l’ordre ou préférant partir d’elles-mêmes pour éviter ce traumatisme. Depuis qu’elle a créé il y a 15 ans sa plateforme « Allô Prévention Expulsion », la Fondation ne cesse d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de déployer davantage de moyens humains et financiers pour informer et accompagner les ménages en difficulté et éviter de provoquer de nouveaux drames humains. Alors que l’année 2023 a marqué un nouveau record en matière d’expulsions locatives, il est devenu urgent d’enrayer ce fléau, de mieux prévenir les expulsions et de venir en aide aux familles qui n’arrivent plus à « joindre les deux bouts ».

Prévenir plutôt que punir ; avant tout pour aider les personnes à trouver des solutions alternatives à l’expulsion (ouverture de droits, échelonnement de la dette, recherche d’un autre logement…). Mais aussi parce que la situation du pays est très difficile sur le front du logement comme en atteste le nombre de personnes sans domicile fixe qui a doublé en dix ans et le nombre de demandeurs de logement social qui a atteint un niveau inégalé avec 2,6 millions de ménages désormais concernés.

Dans un contexte aussi tendu, peut-on accepter que davantage de personnes, d’enfants, se retrouvent sans solution du jour au lendemain ? Pour la Fondation se résigner à un tel constat serait inacceptable. Raison pour laquelle, à l’occasion de la fin de la trêve hivernale, la Fondation demande à la puissance publique d’inverser la tendance et de développer des dispositifs de prévention dignes de ce nom et de déployer le plus rapidement possible une politique volontariste de production de logements sociaux afin que chacun puisse avoir accès au logement digne et s’y maintenir.

Il n’est pas trop tard pour mieux faire. Il n’est jamais trop tard pour agir contre l’exclusion et les inégalités ; en nous rappelant ces mots de l’abbé Pierre : « On ne peut laisser indéfiniment des pans entiers de la population s’appauvrir sous le regard indifférent d’une minorité de plus en plus riche. »