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« Il a osé dire ce qui ne se dit pas. Oser faire ce qui ne se fait pas. »

"J’ai rencontré l’abbé Pierre en 1972, après avoir quitté la Bretagne où j'étais aumonier. "

J'intervenais également très souvent à la communauté Emmaüs de Brest. Il y avait autour de lui tout un tas de personnes aussi différentes les unes que les autres : des conducteurs de camions, des cadres, des Compagnons, des prêtres… De tous bords et de toutes conditions, ces personnes étaient là, autour de lui, convaincues par sa tolérance et par cette capacité qu’il avait à faire ressentir à chacun qu’il avait de la valeur et qu’avec ce qu’il était, on pouvait faire quelque chose.

Une fois à la retraite, j’ai eu l’occasion de revoir régulièrement l’abbé Pierre, à Alfortville.
Je le rencontrais notamment lorsqu’il célébrait la messe, à 18 heures, dans la petite pièce, à côté de sa chambre. Il était toujours pressé car il y avait juste après l’émission « C dans l’air » présentée par Yves Calvi, qu’il ne voulait surtout pas manquer. C’était cela aussi l’abbé Pierre : cette capacité unique à passer immédiatement du spirituel  à la vie politique, dans son sens le plus large. Se jeter dans la réalité du monde juste après la méditation.

 

L'Abbé était un méditatif révolté. Un homme en guerre.

Il était plus dans l’humanité que dans l’Eglise. Ce qui a toujours commandé sa vie, c’est de partir du bas, de l’exclu, du trottoir. À Neuilly-Plaisance, avant l’Appel de 54, il a fait entrer la misère dans sa maison ; la misère a toujours été sa conscience.

Il a osé dire ce qui ne se dit pas, oser faire ce qui ne se fait pas.

Il avait des certitudes très fortes mais il était également empli de questions.  C’était un passionné qui voulait être, comme le titre l’un de ses livres, « marin, brigand ou missionnaire ».

Je pense que l’abbé Pierre a structuré ma vie. Mentalement et individuellement. Il y a en moi un héritage profond de l’abbé Pierre qui structure ma pensée. L’abbé Pierre est présent dans les 3 mots qui cadre ma vie : présence – vision - engagement.

 

Témoignage d’Hervé Le Ru