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On nous a fait du bien

La Roumanie, leur point de départ, la Grèce, la Belgique et enfin, la France. Irina et son ami sont arrivés en voiture en 2011 à Valenciennes, sans un sou, ni un mot de français. À 19 ans, tous deux fuyaient une vie sans avenir et une situation familiale trop dure.

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« On n’était pas heureux, mes enfants n’auront pas la même enfance que moi. Je veux leur donner autre chose. » Le jeune couple a vécu dans une voiture, puis dans une tente au bord de l’Escaut jusqu’en 2016. L’hiver, ils chauffaient l’eau du canal pour se laver et pour boire. « On allait à la Boutique dès qu’on le pouvait, pour prendre une douche et un petit-déjeuner ; pour avoir chaud et pour savoir comment faire pour trouver du travail. C’était notre maison. »

Pendant 5 ans, Irina et Florin vont être épaulés par Marie et Estelle, travailleuses sociales à la Boutique Solidarité de Valenciennes. Premiers mots de français, premières démarches administratives et dès que nécessaire, une écoute bienveillante et des conseils précieux pour maintenir le cap et garder confiance. « On s’est inscrit à la sécurité sociale, à Pôle emploi grâce à elles, on ne connaissait pas tout ça ! Je leur ai toujours fait confiance. Dès le début, elles ont été là pour nous. Elles ne nous ont jamais jugés et nous ont fait du bien », souligne Irina, en choisissant ses mots.

 

Libre

Et puis un beau jour, un logement social s’est libéré à Raismes, à quelques kilomètres de Valenciennes. Irina sourit : « On restait assis toute la nuit dans notre lit, on ne savait plus dormir couché. » Installée depuis 2016 dans un 50 m2 du parc social, la jeune femme a la vie dont elle rêvait : « Je me sens libre, je fais ce que je veux, quand je veux. Je suis soulagée, même si j’ai encore peur de retomber dans ma vie d’avant », avoue Irina qui n’a pas oublié ces années de galère et qui croise parfois d’anciennes connaissances de la rue.

« Je me rappelle quand je faisais du feu pour la cuisine… » Irina a désormais de l’eau chaude à volonté, des voilages colorés ornent les fenêtres du salon et des rideaux de dentelle décorent la cuisine. Le jeune couple a récemment acheté une machine à laver le linge. Le reste de l’électroménager a été acquis grâce à une aide financière de la Fondation. Quant au mobilier, il a été donné par des salariés et des bénévoles de la Boutique.

En contrat aidé dans une ferme d’insertion située à 20 minutes à pied de son domicile, Irina travaille 26 heures par semaine depuis 2 ans. Florin est en contrat professionnel à Lille, dans une entreprise de nettoyage où il se rend tous les matins depuis qu’il a son permis. « Il en est fier. Moi, je suis fière de ma maison… » Une fierté partagée par Estelle et Marie qui viennent parfois prendre le café : « Ils ont parcouru un tel chemin, sans jamais baisser les bras. C’est énorme pour eux de réaliser qu’ils ont une vie normale maintenant. Et pour nous aussi. »