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Dans 4 mois, je serai à la rue.

Dans sa chambre de 12 m2 dans le XIe arrondissement de Paris, Malika, 62 ans, vit dans la peur de l’expulsion.

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« J’ai trouvé cette chambre en 2006. Les toilettes et la douche étaient à l’extérieur mais au moins, j’avais un logement. J’ai demandé à ma propriétaire si je pouvais installer une douche dans la chambre, elle m’a dit oui si je payais tout. Comme je ne sais ni lire ni écrire, ça s’est fait comme ça. L’électricité est en mauvais état, le compteur est juste au-dessus de ma tête et j’ai peur qu’il arrive un problème, mais elle ne veut rien faire… En 2012, elle m’a augmenté mon loyer et en 2015, elle m’a demandé de quitter les lieux pour loger sa petite-fille. »

Depuis plusieurs mois, Malika est suivie par l’Espace Solidarité Habitat qui la soutient pour défendre ses droits. Après la hausse injustifiée du loyer puis une plainte déposée par la propriétaire, elle a s’est rendue à l’ESH où elle a pu bénéficier de l’aide d’un avocat. Le tribunal lui a accordé un délai pour retrouver un logement jusque fin 2018 mais dès juillet, elle devrait recevoir un commandement de quitter les lieux.

« J’en ai les larmes aux yeux dès que j’y pense. Pourtant, j’ai toujours payé mon loyer, je n’ai jamais demandé d’aide, même quand j’ai fait installer la douche. Qu’est-ce que je vais faire ? »

 

Prioritaire Dalo, Malika aurait dû être relogée avant la mi-mars

Devant cette situation inacceptable qui vient s’ajouter à tant d’autres (rappelons que sur 210 287 ménages reconnus prioritaires entre 2008 et fin 2016, plus d’un quart – soit 55 089 ménages - sont en effet encore en attente d’un logement), l’ESH va instruire avec l’intéressée une requête au tribunal administratif le 20 avril prochain afin d’obliger l’Etat, sous astreinte, à remplir son obligation : reloger Malika.

« J’ai écrit à la Maire de Paris, Mme Hidalgo, et je n’ai pas eu de réponse. Bien sûr, j’ai fait une demande de logement social dès le printemps 2012 et là aussi, je n’ai jamais eu de réponse. J’ai vraiment peur.

Employée par une société de nettoyage, Malika travaille le matin à La Défense et le soir à la Porte de Clignancourt. Fatiguée par les transports et de santé fragile, elle ne s’arrête pas malgré le conseil de son médecin et paye son loyer de 324 euros tous les mois à son propriétaire qui habite dans le même immeuble.

« On ne se parle plus, on passe par le gardien pour le chèque et les quittances. Sans l’aide de l’ESH, je ne sais pas comment je tiendrais encore. J’ai souvent pensé à mettre fin à mes jours… Je n’ai personne en France et j’aime autant ce pays que le Maroc où je suis née. »

Malika a obtenu la nationalité française le 29 mars dernier. Sii elle se sent complètement démunie aujourd’hui, cette nouvelle la rend quand même heureuse : « Je ne veux pas quitter la France, j’aime ce pays qui m’a accueillie. Grâce à ceux qui m’aident en ce moment, j’espère que ma situation va évoluer. Cela fait 6 ans que j’attends et on m’a dit que j’étais prioritaire… »